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Jews of the Somme

Être Juif dans la Somme

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« Monsieur le Préfet » : Lettres écrites par les Juifs de la Somme (ou ayant rapport aux Juifs de la Somme), 1940-1944 

 Textes choisis et transcrits par David L. Rosenberg et mis en ligne le 15 mars 2021 par Lydia Rosenberg

 
Screen Shot 2021-01-19 at 8.23.52 AM.png

Georges WOLFF, demeurant à ONIVAL, situé sur la côte picarde, écrit au Sous-Préfet pour répondre à un questionnaire des gendarmes allemands


« Onival, le 4 Octobre 1940

Monsieur le Sous-Préfet. Abbeville (Somme)

Monsieur,

Lisant dans le numéro de Paris Soir du 3 octobre 1940 les mesures contre les Israélites, je prends la liberté de vous demander si ces mesures concernent aussi les Israélites allemands.

Je suis Israélite allemand, non réfugié, habitant Onival depuis septembre 1933.

Les gendarmes allemands sont venus chez moi le premier octobre, porteurs d’un questionnaire.  Etant artiste de Music Hall et actuellement sans engagement, il m’est presque impossible de faire le voyage pour Abbeville qui serait trop coûteux pour moi.

A tout hasard je me permets donc de vous adresser les renseignements qui m’ont été demandés par la gendarmerie allemande, pensant que cela sera suffisant.

Wolff, Georges Pierre, né à Berlin le 20 octobre 1867, habitant Onival depuis septembre 1933.  Carte d’identité  de la Préfecture de la Somme No 35_AL19601

J’ai quitté Berlin en avril 1891 et je suis en France depuis 1893; vu ma bonne conduite, je n’ai pas été mis au camp de concentration en 1914. La Préfecture de la Seine m’a permis de partir pour Genève où j’ai fait mon métier d’artiste pendant plusieurs années. En 1893 j’ai été immatriculé à la Préfecture de Paris, quai des Orfèvres. 

Ma femme, Alice Wolff née Ricart,  Française d’origine et devenue Allemande par mariage, qui s’est fait le 5 février 1913 à Paris à la mairie du 18e arr.,  est de religion catholique. Carte d’identité No 37-AC14731.

Je n’ai jamais quitté Onival pendant les hostilités. Je suis sans fortune, habitant dans ma famille qui est Français et catholique. Je vis de mes très modestes économies et suis soutenue par ma famille.

Ma femme de son premier mariage a deux fils âgés de 48 et de 50 ans qui sont Français.

Espérant que ces renseignements pourront vous suffire (sic).

Veuillez agréer, Monsieur le Sous-Préfet, l’assurance de ma haute considération.

Georges Wolff

Les Cytises

à Onival (Somme)

Je me permets d’y joindre un timbre pour la réponse »

Source : Arch.dep. Somme, Sous-Préfecture  d’Abbeville,  103 W 177, Dossier « Georges Wolff »

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Monsieur GENSE, un Administrateur Provisoire, écrit au Préfet à propos d’un terrain  appartenant à Monsieur HAITA et d’une communication de Madame HAITA


Amiens le 23 Septembre 1941

Affaire Haita

Monsieur le Préfet

Dans ma lettre du 19 septembre dernier, je vous exposais que Haita était propriétaire, rue de Beauvais de deux immeubles sinistrés ; qu’il importait avant toutes choses, que je soie en possession des titres de ces propriétés et qu’ainsi j’avais écrit à Madame Haita à Paris, pour lui demander ces titres .

Voici la réponse de Madame Haita en sa forme littérale :

Monsieur
“…En réponse à votre dernière lettre je vous informe qu’il m’est impossible de vous envoyez ce que vous me demandez car j’ignore ce que mon mari a fait de ces papiers. Par le même je vous dirais que mon mari a été pris par les allemands est interné comme beaucoup d’Israélites de Paris et je ne puis correspondre avec lui ne sachant où il se trouve.

          Aussi veuillez s.v.p. faire votre possible pour m’envoyer un peu d’argent car j’en suis à cours.”

                               Veuillez agréer etc.…

Cette lettre me parait appeler quelques réserves, car il me parait invraisemblable que Madame Haita ne sache pas où se trouve son mari.  L’arrestation des israélites

a été opérée dans le XI ème arrondissement sur lequel habite Haita et je connais précisément un Israélite du XI ème qui a été écroué à Drancy.

Je pense qu’une lettre de vos services sous votre signature, aboutirait à me mettre en possession des documents dont j’ai besoin pour exercer le mandat dont m’a investi votre lettre du 18 septembre, comportant la constitution d’un dossier en vue de la cession du terrain et du baraquement qui y est édifié, rue de Beauvais.

Je vous confirme d’autre part, ma lettre du 19 Septembre, vous informant qu’Haita était propriétaire rue de Beauvais de deux immeubles et non d’un seul.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de mes sentiments distingués.

Le Commissaire Gérant

Signé

Gense Louis représentant

Rue Camille Desmoulins Amiens

Source : AJ 38 5084-85/2624

AJ38-5076-5078 Pelletier Pref Reg Lead up to Deportations July 2, 1942.jpg

Préliminaires qui ont mené à la Rafle du 18-19 juillet 1942 dans la Somme 


ETAT FRANCAIS

REGION DE LAON

CABINET DU PREFET REGIONAL

No. 445

ST QUENTIN le 2 JUIL 1942

Le Préfet Régional

à Messieurs les Préfets de l’OISE

de la SOMME des ARDENNES

Monsieur le Préfet Délégué de l’AISNE

     M. le Commandant de la Police Régionale de Sécurité Allemande à St-Quentin m’adresse l’avis ci-dessous auquel il doit être répondu le 4 Juillet courant :

“ Jusqu’au 4 Juillet 1942 il devra nous être communiqué par listes combien il y a des Juifs, y compris leurs enfants, domiciliés dans les départements de l’Aisne, des Ardennes, de l’Oise et de la Somme.  Outre les personnalités exactes, il devra ressortir de ces listes si le juif porte l’étoile, à quelle nationalité il appartient, s’il est marié et avec qui.  Les domiciles des juifs sont à mentionner classés séparément par arrondissements.”

“Vu le délai très court, vous voudrez bien donner à vos Préfets des instructions en insistant que l’établissement des listes soit entrepris immédiatement. L’établissement devra se faire en double. Un double est à faire parvenir par le Préfet au Chef de la Sicherheitspolizei ( SD ) du siège de la Préfecture, l’autre double est à faire parvenir ici.

“Je prie de me faire parvenir un avis d’exécution”.

Je vous prie de vouloir bien faire diligence afin de m’adresser au plus tôt la liste demandée, accompagnée des différents renseignements qui doivent être également fournis.

Je vous serais obligé à m’adresser, en double exemplaire, les états dont il s’agit afin qu’en dehors de celui qui est destiné à la Police Régionale Allemande, j’en puisse conserver un exemplaire dans mes services.

J’ajoute qu’étant donné les délais extrêmement réduits qui sont impartis, j’informe le Commandant de la Police Régionale allemande qu’il sera difficile de fournir ces différents renseignements pour la date du 4 Juillet.

Le Préfet Régional,

Pelletier (signature)

Source : AJ 38 5076/160

Note : Emile PELLETIER était Préfet de la Somme du 21 septembre 1940 jusqu’au 16 juin 1942 quand il a été transférée à la poste de Préfet Régional, Région de Laon. Il

est devenu ministre de l’Intérieur de la Quatrième République, juin 1958 - janvier 1959.

photo M Birnbaum (1).jpg

Lettre écrite de Drancy par Michel BIRNBAUM la veille de son départ vers Auschwitz


Samedi le 18 juillet 1942

Mes chers Dora et petit Victor bien adorés et bien aimés. On nous a donné l’occasion de tracer quelques mots et dire au revoir à nos chers. Donc ma chère Dora et mon petit Victor bien adoré, demain nous partons à destination inconnue.  Ma bien aimée Dora sois courageuse, ne pleure pas, incline toi devant la destinée, aie l’espoir que nous nous reverrons bientôt, prends soin de notre cher fils qui est toute ma raison de vivre et d’espérer.  Ma pensée ne vous quitte pas un instant et j’en suis sûr que vous êtes pareils,  Donc encore une fois ma chère Dora courage.  Une fois arrivé sur place, je vous écrirai dès que je pourrai.  Je vous embrasse ma chère Dora et mon petit cher Victor adoré écoute maman, ne lui fais de misères, car papa t’aime beaucoup.  Votre cher mari et papa qui vous  aime de toute son âme.  

Michel

Source : Manuscrit dans la collection privée de Mme Esther Zylberwasser ; communication de Claude Watteel, qui l’avait transcrit et publié dans son livre D’Amiens à Auschwitz : La tragédie des Redlich, 2nd édition, 2013,  p. 68. 

NOTE DR : Michel BIRNBAUM a épousé Dwojora-Laja (« Dora ») FAKTOR à Amiens, le 19 mars 1935. Tous les deux étaient nés à KOZYCE en Pologne.  Leur fils Samuel Victor BIRNBAUM était né à Amiens le 29 janvier 1936.  Michel Birnbaum fut arrêté à Paris. Il habitait à ce temps au 130, rue de Belleville dans le 20ème  arr.  Il fut déporté par le convoi no. 7 le 19 juillet 1942.

Photo credit : Collection Esther Birnbaum, courtesy Claude Watteel

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Le Maire de MERS-LES-BAINS écrit au Sous-Préfet d’Abbeville à propos de la famille BEHAR 


le 24 Juillet 1942

(en tête de la Mairie) 

Monsieur le Sous Préfet

Comme suite à votre demande de renseignements concernant la famille Israélite

BEHAR Mardochée, j’ai l’honneur de vous faire connaitre que celui-ci est arrivé en FRANCE en 1910 et sa femme, née Fuentes, en 1913.

Leurs trois enfants, dont l’aîné est prisonnier de guerre, sont nés en FRANCE.

Les intéressés n’ont encouru aucune condamnation, d’après la déclaration de M. BEHAR.

J’ajoute que je n’ai jamais eu à me plaindre de l’attitude en général de cette famille.

Veuillez agréer, Monsieur le Sous Préfet

Le Maire

tampon (axe aux doubles lames) et signature

Source : AJ 38 5072-75/121

AJ38-5072-5075 (dragged) 2.jpg

Béatrice Siemiatyeki, enfant juive à ROYE


28 Juillet 1942

Le Préfet de la Somme à Monsieur le Préfet Régional à SAINT-QUENTIN

Objet : Recensement des israélites du département de la Somme

Référence : Votre lettre no. 445 du 2 Juillet 1942 – Mes communications des 6 et 24 Juillet 1942

J’ai l’honneur de vous faire connaître que par déclaration faite le 21 Juillet à la Mairie de Roye, M. BRUNELLE, Robert, demeurant, rue des Communes, a fait part que l’enfant SIEMIATYEKI, Béatrice, née à Paris (4ème) le 20 Mars 1933, en nourrice chez lui, était de race juive.

La religion de cette enfant a été portée à la connaissance de M. BRUNELLE à la suite de l’arrestation de Madame SIEMIATYEKI opérée le 17 Juillet dernier [i.e. 1942] à son domicile à Paris, 71, rue Saint-Louis en l’Ile.

Conformément aux prescriptions de l’ordonnancé allemande du 28 mai 1942, cette enfant a été munie de l’étoile jaune règlementaire.                                                                         Le Préfet

Source : AJ 38 5076,  image # 123 et 124

A peu près la même communication faite par le Préfet au Commandant de la Sicherheitspolizei, 2 rue Debray à Amiens, vers la même date, AJ 38 5076/122


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Grassia HAITA, épouse de feu Nissim HAITA, fait appel au Préfet de la Somme afin d’obtenir des subsides lui permettant de pourvoir à ses besoins.


75, Boulevard Voltaire

PARIS 11e

Le 23 Octobre 1942

Monsieur,

             Ayant reçu une lettre de mon Commissaire-Gérant Mr COTTE 95 rue Delpech à AMIENS (Somme) me disant qu’il ne peut m’envoyer des subsides sans votre autorisation. Aussi je me vois dans l’obligation de vous demander votre autorisation

car je ne peux travailler ayant 5 enfants et je viens de perdre dernièrement mon mari qui est mort à DRANCY à l’âge de 36 ans, étant sinistre d’AMIENS et ayant perdu tout à cette guerre, mes biens, mon mari et ma fille, mes êtres les plus chers et étant sans ressources c’est pourquoi je vous adresse cette demande dans l’espoir que vous lui donnerez la suite qu’elle comporte.

            Agréez Monsieur etc.…

             signé HAITA

AJ 38 5079-5081/3275

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Apres la Libération, Berthe ROZEMBAUM de la ville d’ALBERT demande  la restitution rapide de ses biens et décrit son parcours ainsi que celui de son epoux entre 1940 et 1944


Madame ROZENBAUM                              ALBERT, le 21 Novembre 1944

Chez Monsieur VADUREL

17 Rue de Bapaume, ALBERT (Somme)

Monsieur le  Préfet,

                      Je prends la liberté de soumettre à votre bienveillante attention, l’examen de ma situation.

                      Jusqu’en 1940, j’exploitais à ALBERT, rue Gambetta, un fonds de commerce de nouveautés pour dames, dénommé “Au Chic de Paris.”  De race juive, j’ai dû abandonner mon exploitation, après avoir été internée par les Allemands à Amiens. Je me suis refugiée à PARIS, où se trouvaient mon Mari et mes deux enfants. A la suite de nouvelles perquisitions, nous sommes partis en zone libre: arrêtés à la ligne de démarcation, nous avons été internés à BIARRITZ; nous avons réussi à sortir de prison, et nous sommes refugiés à PAU. Pendant notre seconde incarcération, les Allemands nous ont volé tous nos fonds disponibles, que nous possédions.

                      Notre séjour à PAU s’est passé sans incidents jusqu’à l’arrivée des Allemands, où notre vie traquée a recommencé.  Pour éviter la déportation, mon Mari a dû fuir en Espagne; de là il a gagné le Maroc, et actuellement il est mobilisé à MEKNES.

                       Dès que j’ai eu quitté ALBERT, un administrateur a été nomme pour gérer mon fonds de commerce (M. RABACHE, à SAINT QUENTIN, précédemment IFg de Bretagne, PERONNE); le fonds a été vendu par le ministère de Me WATELAIN, Notaire à ALBERT, à Monsieur GIMBEL, qui se trouve actuellement dans le fonds vendu.

                       Vous voudrez bien remarquer que dans cette affaire, je n’ai pas donné accord pour la vente, et je n’ai évidemment absolument rien touché, ni sur la vente du fonds, ni sur les marchandises qui se trouvaient dans le magasin.

                        Actuellement, l’acquéreur ne veut pas quitter les lieux; de mon côté, je me trouve sans situation; fortune perdue puisque volée par les Allemands, donc sans ressources; aucun logement: des amis m’hébergent, maïs cette situation ne peut se prolonger indéfiniment.

                    Je vous serai donc très obligée de bien vouloir me faire connaître si vous pouvez intervenir dans cette affaire, et de m’indiquer si je puis requérir l’expulsion de l’acquéreur du fonds de commerce.

                       A titre indicatif, je vous signale que mon Mari était engagé pendant la guerre de 1914-1918, qu’il a été mobilisé en 1939, jusqu’à l’armistice.

                        Je vous remercie à l’avance de l’examen que vous voudrez bien apporter à cette question, et dans l’espoir d’une réponse favorable, je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de ma considération très distinguée.                                                                                   B. Rozenbaum                                  

Source : AJ 38 5073/2483

 

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Simon KHAIETE écrit au Préfet en fournissant des renseignements demandés sur son statut économique

Le 18 Décembre 1940

Simon Khaiete

108 Bd de Bapaume

résidant provisoirement

à Mortemer Seine-Inf

Monsieur le Préfet de la Somme,

La sous préfecture de la Seine Inferieure de Dieppe me transmet des imprimés à compléter concernant la détermination et la déclaration des entreprises juives, conformément à l’ordonnance allemande du 18 octobre 1940.

En conséquence, j’ai l’honneur de vous faire connaitre que je ne suis possesseur d’aucune entreprise, ni action, ni participation dans aucune affaire quelle qu’elle soit.  

Mon domicile était à Amiens, 108  Boulevard de Bapaume jusqu’au 18 mai, à mon retour d’évacuation, je n’ai pu en prendre possession celui-ci étant occupé par les Allemands, je suis donc allé habiter de ce fait à Mortemer Seine-Inf.

Le magasin “Au Boucheron Picard”, 63 rue Duméril à Amiens, faisant le commerce de meubles de literie où j’étais employé en qualité de directeur est entièrement sinistré et dépendait du Bon Marché, 18 Place Saint Marc à Rouen.

Je suis à votre disposition pour tous renseignements dont vous auriez besoin.

Veuillez agréer, monsieur le Préfet, mes salutations respectueuses et distinguées.

S. Khaiete

Source:  AJ 38 5075/4249

Photo : Jeanine KHAIETE, enfant arrêtée en Normandie en 1943 et déportée à l'âge de 14 ans, en compagnie de ses parents, Simon et Marguerite KHAIETE, de DRANCY à SOBIBOR, où tous ont péri.

Source : Jean Khaiete et Archives Départementales de la Somme

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Ferdinand LAZARD explique au Préfet de la Somme, que sa famille n’avait aucun lien avec le culte israélite. (1941)

Amiens le 26 juin 1941

Monsieur le Préfet

Ci-joint je vous soumets ma déclaration conformément au décret du 2 juin 1941.

Je me permets d’ajouter les quelques observations suivantes. Je n’ai connu aucun de mes Grand parents, tous décédés lors de mon arrivée en France avec mes Parents.

Je n’ai jamais assisté ou vu chez mes Parents aucune manifestation, sous quelque forme que ce soit, du culte juif ; et mon Père m’a jadis dit que quand Dr. Humbert, qui avait opéré ma Mère, l’a averti qu’elle était perdue, il l’avait (pour obéir à un des ses désirs) fait ondoyer. J’ai du reste eu en ma possession le certificat à la mort de mon Père, elle est morte à Paris, rue de la Bruyère.

Quant à la famille de ma femme, ils sont tous, soit sans religion, soit catholiques. Elle même a fait ses études à l’école officielle Allemande à Anvers.

Tous ces faits sont si connus que quand une communauté juive s’est fondée à Amiens, nous n’avons pas été sollicités d’en faire partie, ni directement, ni indirectement.

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, etc.

Ferdinand Lazard

Source : AJ 38/5073/2320

Photo credit : Collection Louise Dessaivre

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Jacques ARANIAS demande au Préfet de la Somme d’empêcher la vente de sa maison familiale, à la suite de “l’aryanisation” de son commerce


En tète : J. Aranias 

Rue Porion Amiens

(Renseignements sur son commerce de confection barrés)

Amiens le 28 février 1942

Monsieur le Préfet

J’ai l’honneur de solliciter de votre bienveillance que ma seule et unique maison que je possède à Amiens achetée péniblement avec le fruit de mon travail ne soit pas vendue,

Je me permets en effet d’attirer votre attention sur le fait qu’elle me sert exclusivement d’habitation pour moi ma femme et mes trois enfants en bas âge ; il ne s’agit pas la d’une maison de commerce ou de rapport mais simplement d’un gite pour moi et ma famille.

J’espère pouvoir compter sur votre sollicitude et avec mes sentiments reconnaissants je vous prie d’agréer, M. le Préfet, l’assurance de mes respectueuses et tout dévoués sentiments.

J. Aranias (signé)

Source : AJ 38 5084/0648

photo credit : Collection Guy Aranias, courtesy Alain Bolec

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La Préfecture de Police (Paris), Sous-Direction des Etrangers et des Affaires Juives,  demande au Préfet de la Somme des renseignements sur Chana GRINFEDER


Paris, le 3 Mars 1942

« J’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien me faire connaitre si Melle GRINDEFER Chana [note : recte GRINFEDER], née à Varsovie le 2 Février 1918. de nationalité polonaise, domiciliée à Amiens rue du Cloitre de la Barge No. 12, demeurant actuellement à Paris 130, rue de Rivoli, est juive au regard de la loi du 2 Juin et a été recensée comme telle dans vos services. »

Signé : Pour le Préfet de Police, le Directeur des Affaires Administrative de Police Générale (nom difficile a déchiffrer mais les initiaux sur l’en tête sont « S.M. »)

Note : Chana GRINFEDER habitait avec sa sœur Thérèse un appartement dans l’immeuble de la synagogue.  Arrêtées séparément à Paris, tous les deux étaient déportées à leur mort. 

Source : AJ 38 5072-5075/4230
Photo credit : Thérèse (left) and Chana Grinfeder (right). Feuilles de témoignage, Yad Vashem

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Fernand KAHN cherche à être exempté du port de l’étoile jaune

Format: dactylographié

F.  KAHN r. Albéric de Calonne

Refugié à Paris

40 r. Condorcet 9e

le 6 juin 1942

Monsieur le PREFET

J’ai l’honneur de solliciter de votre haute bienveillance votre intervention et votre appui afin que je soies autorisé par les Autorités Occupantes à ne pas porter l’insigne “Juif.”

Fils, petit fils et arrière petit fils de Français reposant au cimetière Montparnasse, je suis né à Paris le 6 janvier 1881. Mon père était, entr’autres fonctions honoraires, Administrateur du bureau de bienfaisance du 4e arrondissement, arbitre au tribunal de commerce, NOTABLE Commerçant, Administrateur de la Caisse d’Epargne.

Né le 6 Janvier, engagé volontaire pour 3 ans au 17e Regt. D’artillerie, j’ai été mobilisé pendant toute la guerre 14/18. Mes fils,  l’un maréchal des logis chef au Corps francs l’autre brigadier chef au 12e Chasseurs à cheval à Metz ont fait leur devoir à celle-ci et ont été fait prisonniers en Belgique. Mon fils ainé a été reformé par le Conseil de reforme Allemand il y a quatre mois, le second est toujours au stalag XII D. à Trier.

J’étais établi à Amiens 19 rue des 3 Cailloux depuis l’année 1908. J’ai la conscience de ne jamais avoir failli à l’honneur et d’avoir mérité l’estime de tous mes concitoyens.  Ma maison a été détruite corps et biens par faits de guerre, et j’y ai laissé le fruit de trente années de travail. Ne voulant pas entrainer dans ma ruine mes fournisseurs, en rentrant d’évacuation, j’avais tenu à les désintéresser avant de me réinstaller. Je revendique hautement d’avoir recommencé sans aucun secours et sans aucun prêt de démarrage à faire revivre “la SPECIALITE PARISIENNE.’ Les

règlements des Autorités Occupantes m’ont force à arrêter mon commerce et j’ai

été ruiné une deuxième fois. Je m’y suis résigné puisque j’étais Juif et pourtant, je n’y suis pour rien. J’ai élevé mes 5 enfants, comme j’ai été élevé moi même, c’est à dire dans le droit chemin. Je sollicite l’autorisation de ne pas être contraint, ainsi que ma famille à ne pas porter l’insigne. Je me permets d’ajouter qu’en vue de la reprise économique, j’avais sollicite à la première heure de la Préfecture d’Amiens, de la Mairie, de la Chambre de Commerce, de l’Union Commerciale l’appui pour le retour de mes fils. J’avais obtenu des certificats élogieux. Malheureusement le retour des prisonniers ne pouvait s’appliquer à leur cas.

Je crois devoir enfin, si cela peut attirer la bienveillance sur notre cas, vous dire, Monsieur le PREFET (et, cependant, je ne l’ai jamais invoqué) que pendant l’année

1940 lorsqu’Amiens a demandé des donneurs volontaires de sang, ma fille ainée et moi avons été inscrits les  Ier et 2e de la liste et que ma fille qui a été appelée  à donner son sang CINQ fois pour les soldats blessés a eu la grande joie de les voir sauvés.

Dans l’espoir, Monsieur le PREFET, vous voudrez bien prendre en considération ma requête et l’appuyer favorablement auprès des Autorités Occupantes, et en vous remerciant au préalable de ce que vous ferez pour nous je vous prie, Monsieur le PREFET de la SOMME de croire à l’assurance de ma considération la plus distinguée.

Fernand Kahn

Source : AJ38/5072/1167-68


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La Mairie de la Commune de PIERREPONT-sur-AVRE écrit au Sous-Préfet de Montdidier à propos d’Ernest RADO, arrêté lors de la rafle de juillet 1942 dans la Somme 


le 20 Juillet 1942

Monsieur le Préfet,

J’ai l’honneur de porter a votre connaissance que Rado Ernest juif domicilié à Pierrepont-sur-Avre a été enlevé de son domicile, hier matin, 19 Juillet, à six heures par la gendarmerie française.

Il serait ainsi l’objet d’une mesure qui atteindrait les étrangers de race juive.

Je me permets de vous signaler que M. Rado est né à Muçin localité incluse dans le territoire hongrois depuis les dernières révisions de frontières. Et Monsieur Rado me fait savoir que ces mesures ne devraient pas le concerner étant donne qu’il doit être considéré comme Hongrois. Veuillez trouver ci-joint le mot écrit de sa main sur la question.

Je tiens à vous signaler Monsieur le Préfet, que depuis de nombreuses années que Monsieur Rado habite Pierrepont, il a eu une conduite irréprochable à n’importe quel point de vue.  Il était employé chez Monsieur Joseph Branche, Minotier, en qualité de comptable et son patron ne pourra que confirmer des renseignements.  Il jouissait à Pierrepont et aux environs d’une bonne réputation.

Veuillez agréer, etc.

Signé

Maire de Pierrepont

Tampon 

Source : AJ 38/5076/134 and 135

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Instructions relatives à la situation de SARA LEWENBERG et Gitla REDLICH


SICHERHEITSPOLIZEI (SD)  KOMMANDO

            SAINT-QUENTIN

Abtlg.  IV J – A.Z.  4094

Tgb.  Nr.  su  43/42  g  u    135/42  g.

St-Quentin, le 29 Juillet 1942

A Monsieur le Préfet Régional a ST.QUENTIN

OBJET : Déportation de Juifs étrangers

                     Lors des arrestations effectuées par la Gendarmerie française, les Juifs suivants n’ont pu être arrêtés :

-- LEVVENBERG née KAKTOR, Sara, née le 15.5.06

        demeurant à AMIENS,  23, rue des Majots

        (se trouve actuellement à l’hôpital d’Amiens)

-- REDLICH née TSCHAPNIK, Gitla, née le 28.03.05 à Varsovie

  demeurant à Amiens, 9, rue Cette Maisant (se trouve actuellement à l’hôpital d’Amiens)

                 Je vous prie de prendre des mesures afin que les Juifs et Juives précités puissent encore être arrêtés et transférés au camp d’internement de DRANCY (Seine).

                 Les Juives se trouvant actuellement dans les différents hôpitaux devront être arrêtées à leur sortie.

                 Pour ces mesures, il devra être procéder d’après les mêmes directives que celles portées a votre connaissance par ma lettre du 16 Juillet 1942 – 585/42.

                  Je vous prie de me rendre compte du résultat.             

                                                                    Le Kommandeur

Note de DR : Il y a quelques erreurs dans ce texte que j’ai transcrit comme écrit : LEVVENBERG = LEWENBERG ; KAKTOR = FAKTOR. rue Cette Maisant = rue Cottrelle-Maisant 

Source : AJ 38 5076/101

NOTE :

Sara LEWENBERG et Gitla REDLICH furent déportées le 6 Novembre 1942, par le convoi no. 42,  de Drancy à Auschwitz.

AJ38-5072-5075 Dubois.jpg

Raymond DUBOIS fait appel au Préfet de la Somme afin de l’aider à obtenir la libération de sa femme, Eliane Dubois, arrêtée comme « passeuse » et détenue à la prison de Poitiers. 


Raymond Dubois 

rue Voiture No. 12

Amiens le 24 Décembre 1942

Monsieur le Préfet

J’ai l’honneur de solliciter de votre bienveillance de vouloir bien intervenir auprès de la Feldkommandantur 677 à Poitiers afin d’obtenir la grâce de ma femme

Eliane Dubois née Blériot qui a été condamnée le 30 juillet par le tribunal militaire de Poitiers à une peine de 2 ans de réclusion pour avoir été considérée comme passeuse alors qu’elle se trouvait sur la route de Fleure à Neuil-l’Espoir en compagnie d’un jeune enfant juif.

En raison de cette pénible circonstance, j’ai dû confier à mes beaux parents la garde de mes trois jeunes enfants âgés de 8 ans, 6 ans et demi et 5 ans. Comme c’est une charge trop lourde pour eux en raison de leur âge et de leur santé ils me pressent de les reprendre. Etant employé de chemin de fer à la gare d’Amiens il ne m’est pas possible de les reprendre chez moi comme j’en aurais le désir, ainsi je vous serais très reconnaissant, Monsieur le Préfet, de vouloir bien appuyer ma requête auprès des autorités allemands.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de ma haute considération

Raymond Dubois

Source:  AJ 38 5072/4362 (Dossier Correspondance Schulhof)